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Accueil > Articles professionnels > Les nouveaux concepts informatiques : au-delà de la course à la technologie, quel intérêt pour le business ? (13/10/2013)
Les nouveaux concepts informatiques : au-delà de la course à la technologie, quel intérêt pour le business ? (13/10/2013)


Préambule : cet article a été publié, en Octobre 2013, dans la revue trimestrielle du réseau des ingénieurs INSA, diffusée aux 80.000 diplomés (dont une grande majorité de non informaticiens, d'où l'effort de vulgarisation de cet article). Le thème à traiter était "Les nouveaux sujets de l’ingénierie informatique : cloud, sécurité informatique, mobilité, protection de la vie privée."


Dans l’article « Les nouveaux concepts informatiques sont-ils réellement "nouveaux" ? », nous avons vu que rester à s’extasier devant l’ « extraordinaire » (!) révolution technologique associée à ces nouveaux sujets informatiques n’apportait finalement que très peu d’intérêt. Concentrons-nous donc sur un volet beaucoup plus intéressant : pour votre entreprise, quelle plus-value peuvent-ils apporter pour générer du business ou vous démarquer de la concurrence ?

Pour répondre à cette question, il est nécessaire d’élargir le champ de vision : penser « Système d’Information » ou « DSI » n’est plus suffisant, car ces concepts répondent à des enjeux plus globaux, à l’échelle de l’entreprise tout entière. En effet, le dénominateur commun est qu’ils contribuent tous à enrichir la palette des fonctionnalités offertes par le Système d’Information, et à professionnaliser le service que celui-ci rend vis-à-vis de l’entreprise. Tous, sans exception, apportent au moins un intérêt pour les clients de la DSI, qu’ils soient internes ou externes à la compagnie.

Pour mieux connaître ces bénéfices, rentrons un peu plus en détail sur chaque concept séparément, car chacun possède son propre « business case » :
  • Le Cloud Computing, probablement le plus connu de ces acronymes, ne serait rien sans sa déclinaison la plus fonctionnelle, à savoir le SaaS (Software-As-A-Service). Vous connaissez probablement les discours très marketing des éditeurs faisant miroiter sa simplicité d’utilisation, sa rapidité de mise en œuvre, son coût réduit, … Oui, ces avantages sont réels, tout du moins partiellement, et si votre entreprise n’est pas de taille trop importante, utiliser des applications SaaS sera un excellent accélérateur de votre développement. En quelques minutes, vous pourrez avoir un système complet de messagerie électronique et une suite bureautique collaborative (Google Apps, par exemple), un système complet de relation client (CRM) via Salesforce, un espace de stockage documentaire partagé et sauvegardé (Dropbox, Google Apps, …), … Beaucoup plus efficace que d’acheter des logiciels et les installer/configurer manuellement sur chaque poste de travail ! Pour les entreprises de taille plus importante, obtenir ces bénéfices demandera davantage d’efforts, du fait de la complexité du SI existant. En effet, vouloir greffer, sans méthode, une application SaaS (hébergée chez un prestataire extérieur) sur le SI interne de l’entreprise ne vous permettra pas d’exploiter pleinement ces avantages (pas d’accès aux référentiels de données donc pas d’apport fonctionnel, générant de la frustration auprès des sponsors du projet). Pour ces raisons, il est déconseillé qu’une direction métier se lance seule dans l’implantation d’une telle application, sans la participation de la DSI, même si cette dernière donnera l’impression de ralentir le projet, certes. Cet article propose un éclairage supplémentaire.
  • Le Big Data, apparu plus récemment, est né de l’explosion des données numériques et de l’accroissement de la capacité de calcul des serveurs informatiques. Basé sur de nouveaux systèmes de bases de données (NoSQL) et de nouvelles technologies logicielles (l’ensemble de frameworks Hadoop, par exemple), son objectif est d’exploiter au mieux les données stockées par votre entreprise pour en faire des croisements et ainsi générer d’autres vecteurs de business que vous n’aurez sans doute pas identifié sans cela. Le Big Data est très utilisé dans le e-Commerce et en voici une illustration : lorsque vous sélectionnez un article sur Amazon, le système est capable d’analyser instantanément les millions d’achats faits par des millions de clients similaires à vous, de manière à vous proposer d’autres articles en lien avec votre achat et ainsi susciter l’envie d’accroitre votre panier. Ce simple principe leur permet de décupler leur chiffre d’affaire depuis des années. Concrètement, aujourd’hui, pas plus de 10% des entreprises exploitent le Big Data, car comme dans tous les projets informatiques, la difficulté de mise en œuvre n’est pas uniquement dans la technologie, mais davantage dans l’organisation à définir autour : si les données que vous « moulinez » n’ont pas été correctement sélectionnées ou sont incomplètes, le résultat sera au final très décevant ; d’où l’émergence de nouveaux métiers, comme le Data Scientist, très recherché actuellement.
  • Le BYOD (« Bring Your Own Device ») déjà abordé précédemment et largement traité dans cet article, permet à votre entreprise de considérablement réduire les coûts de gestion de son parc informatique (les ordinateurs fournis aux collaborateurs) et de sa flotte mobile (téléphones et smartphones), puisque tout ce travail est déporté vers le collaborateur lui-même. L’autre avantage indéniable est que cela génère de la satisfaction chez les utilisateurs, qui peuvent maintenant travailler avec leur tout nouveau Iphone 5S s’ils le souhaitent, au lieu de devoir supporter les matériels « préhistoriques » que l’entreprise met à leur disposition et qui ralentissent leur productivité. Ajoutez à ceci l’image bénéfique et moderne que cela engendre auprès de vos clients et prospects, si par exemple vos commerciaux sont équipés de tablettes tactiles proposant des démonstrations de produits en 3D, plutôt que les traditionnelles brochures cartonnées. En pratique, ce modèle peut aisément s’implanter dans les startups et PME, mais dans les grandes entreprises de secteurs concurrentiels ou stratégiques (Défense, armement, banque, …), il faudra préalablement traiter certaines problématiques de sécurité, de confidentialité des données, de droit / législation, sans compter les traditionnelles questions d’intégration au SI et aux processus organisationnels de l’entreprise. Dans ce cas, il est conseillé de débuter par une petite catégorie de collaborateurs avec de forts enjeux business, comme les commerciaux, pour reprendre l’illustration précédente.
  • L'Entreprise 2.0 est, en soi, beaucoup plus large qu’un simple concept IT, sauf si on la considère uniquement au travers de son « outil » informatique, à savoir le RSE, déjà abordé ci-dessus. L’Entreprise « 2.0 » traduit davantage une philosophie de l’entreprise où le management et les relations ne sont plus uniquement verticales, pyramidales et « en silos », mais beaucoup plus horizontales, c’est-à-dire entre collaborateurs de niveau équivalent dans la hiérarchie. Grâce à l’animation de communautés au sein d’un groupe multinational, les services marketing de chaque pays peuvent, par exemple, échanger et croiser efficacement leurs bonnes pratiques, plans d’actions et résultats, recherches documentaires, veilles concurrentielles, … au travers d’un espace informatique adapté. En partageant mieux et plus rapidement l’information, l’objectif business sous-jacent est donc d’être plus pertinent avec les clients / prospects / partenaires / fournisseurs, et de toujours savoir leur proposer un service ou leur donner un conseil supplémentaire par rapport à la concurrence locale. En interne à l’entreprise, l’avantage principal attendu est une meilleure communication au sein des collaborateurs, et donc un sentiment accru d’appartenance à l’entreprise.
  • Il y a pléthore de concepts IT pouvant être abordés, mais prenons un dernier cas avec les méthodes agiles de gestion de projets informatiques (Scrum, notamment) qui sont une variante des approches Lean abordées dans le dernier numéro de cette revue. Elles partent d’un constat sans appel : le traditionnel « cycle en V » est trop long et n’apporte que de la frustration au client du projet, qui voit plusieurs mois (voire années) s’écouler entre son expression de besoin initiale et le résultat concret en fin de réalisation qui, de plus, n’est souvent pas conforme. Il faut donc raccourcir les délais de réalisation et apporter de la visibilité plus fréquemment au client, afin de corriger les écarts tant qu’il en est encore temps. Les méthodes agiles proposent donc de travailler par itérations courtes (2 à 4 semaines), avec démonstrations systématiques entre chacune, en accroissant progressivement le périmètre de réalisation. Penser « agile » fait immédiatement penser à un esprit « start-up », mais ceci est très réducteur ; ces méthodologies sont très structurées et sont davantage destinées à fluidifier et accélérer les projets dans les grandes entreprises aux processus très lourds, plutôt que dans les start-ups employant quelques personnes. D’ailleurs, initialement élaborées pour des projets de développement de logiciels informatiques, ces méthodes s’adaptent maintenant sur d’autres types de projets IT. Par exemple, nous l’appliquons actuellement sur un projet de déploiement de presque 100.000 ordinateurs, au budget de plus de 50 millions d’euros.

Impossible d’être exhaustif sur un domaine aussi vaste que tous ces nouveaux concepts IT, chacun ayant ses propres avantages et inconvénients, son propre cadre d’utilisation, en bref son propre cas d’usage business, … Sans compter les concepts un peu plus anciens (les SOA, par exemple) mais qui sont toujours d’actualité puisque des projets majeurs de mise en œuvre ont encore lieu dans certaines entreprises (citons par exemple le projet NICE, fusion de l’ensemble des caisses régionales du Crédit Agricole). Le monde du Système d’Information est en perpétuel mouvement, et il primordial de tout faire pour que ces évolutions se fassent au service des clients.

Au final, se pencher sur ces nouveaux concepts IT est certes intéressant à bien des égards, le premier étant la création d’opportunités business, mais n’oublions surtout pas que la mise en place d’une technologie ne fonctionnera jamais si elle n’est pas accompagnée d’une organisation adéquate (sponsoring métier et financier, marketing pour remporter l’adhésion des responsables clés, conduite du changement et formations pour éviter la sensation de « dommages collatéraux », …).



Christophe DEMULDER (@cdemulder)



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